Les partis : espaces démocratiques ou oligarchiques ?

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La Constitution de la Ve République reconnaît le rôle central des partis politiques dans la vie démocratique. Ceux-ci nourrissent une opinion publique pluraliste et peuvent être force de proposition et de formation d'un personnel politique (élus, collaborateurs) qui contribue aux instances délibératives et exécutives des institutions. Comme le remarquait déjà Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) dans Du Contrat social, les citoyens ne peuvent pas consacrer tout leur temps à la politique : « on ne peut imaginer que le peuple reste incessamment assemblé pour vaquer aux affaires publiques » (Livre 3, chap. 4). Dès lors, les États modernes ont mis en place des instruments de représentation et, lors de la Révolution française, le rôle représentatif de l'Assemblée s'y est précisé, même si, par peur des factions, le regroupement en partis a été empêché – au même titre du reste qu'en syndicats. Les partis politiques apparaissent en France au début du XXe siècle : le Parti radical et radical-socialiste est fondé avant l'adoption des lois de juillet 1901 sur la liberté d'association.

Pourtant, au moment même où ils apparaissent, les partis font l'objet de critiques, certains les accusant de confisquer une part de souveraineté, ou encore de favoriser les intérêts de leurs membres par leur bureaucratisation.

Le sociologue Robert Michels, dans Les Partis politiques. Essai sur les tendances oligarchiques des démocraties (1911), décrit la tendance des partis politiques à se transformer en organisations où un petit groupe de personnes détient le pouvoir et où les décisions sont prises en dehors de la base du parti : la « loi d'airain de l'oligarchie ».

Les partis sont des organisations complexes qui nécessitent une structure hiérarchique et une direction pour fonctionner efficacement. Cependant, cette concentration du pouvoir peut conduire à une perte de démocratie au sein du parti et à une domination d'un petit groupe de personnes sur les autres membres. Robert Michels considère que cette loi d'airain de l'oligarchie est un phénomène universel qui concerne tous les partis politiques, qu'ils soient de gauche ou de droite, et qu'elle est liée à la nature même de la démocratie représentative.

Questions

Pour aller plus loin

  • Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social, 1762, Livre II, chap. 1 et 2, Livre III, chap. 1, 4 et 10
  • Emmanuel-Joseph Sieyès, Qu'est-ce que le Tiers État ?, 1789
  • Robert Michels, ​​​​​​​Les Partis politiques. Essai sur les tendances oligarchiques des démocraties, 1911

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